(UN)RULING OTHERS AND THE SELF
CINQUIÈME SÉANCE
LUNDI 8 AVRIL 2019
17h à 20h – salle A06_51 – EHESS, 54 Boulevard Raspail, 75006 Paris
Cette séance comportera deux communications qui s’intéresseront d’une part aux artist-run spaces et au mouvement des communs culturels avec Laura Aufrère (CEPN, Université Paris 13) et d’autre part au coopérativisme de plateformes avec Guillaume Compain (IRISSO, Université Paris-Dauphine – PSL).
LAURA AUFRÈRE, CEPN, Université Paris 13
Communs culturels et nouveaux modèles organisationnels solidaires dans le secteur artistique et culturel : le cas d’un artist-run space.
Dans le contexte du retour des communs (Coriat, 2015), les communs culturels émergent en tant que « nouveaux communs », au sein de mouvements sociaux qui tentent de résister aux excès de l’idéologie propriétaire. La culture, saisie par le marché comme élément central de développement économique, fait l’objet d’une lutte pour l’en distinguer radialement (Coombe 2004). C’est le cas en particulier des « artist-run spaces » ou « lieux intermédiaires et indépendants », qui se déploient tant au niveau français qu’européen depuis une vingtaine d’années. Les communautés d’artistes qui portent ces initiatives, organisées en auto-gestion, revendiquent le fait de bousculer les filières artistiques et culturelles établies. Ils déploient des capacités organisantes collectives qui leur permettent de contester ou intégrer une partie des rôles jusqu’alors dévolus au marché ou aux institutions publiques (fonctions de monstration, de prescription, etc.). Autour d’une gestion centrée sur la coopération, la réciprocité et le « commoning », ils explorent de nouvelles modalités de partage, de mutualisation, et de co-création structurées au sein de modèles organisationnels « en commun(s) ». Ils tentent ainsi diverses modalités d’articulation entre parcours professionnel individuel et collectif, partageant ressources, savoirs et savoirs-faires, que leur permettent de développer leur capacité de recherche et d’expérimentation. Ce faisant, ils proposent aux publics une approche renouvelée de l’expérience artistique et culturelle, au-delà de la logique de production/monstration, tout en participant aux dynamiques urbaines dans lesquelles ils développent leur activités. Dans un contexte de concentration des contenus numériques et évènementiels culturels, ces expériences éclairent des horizons possibles pour les initiatives solidaires dans le secteur culturel.
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GUILLAUME COMPAIN, IRISSO, Université Paris-Dauphine – PSL
Promouvoir l’autogestion dans l’économie collaborative : l’ambitieuse et précaire mission du coopérativisme de plateformes
L’essor des plateformes numériques de mise en relation à partir du début des années 2010 n’a cessé de susciter des controverses. Initialement associées aux promesses écologiques et conviviales de l’économie dite “collaborative” (ou “du partage”), les plateformes ont progressivement dévoilé une diversité de pratiques et de modèles, générant des critiques de plus en plus fournies envers les impacts de plateformes globales comme Uber, AirBnb ou Blablacar, auxquelles il est notamment reproché d’extraire des rentes substantielles de leurs positions dominantes tout en contournant les normes en vigueur (droit du travail, fiscalité, réglementations sectorielles…).
Toutefois, si les actions se focalisent aujourd’hui sur la contestation et la régulation des plateformes dominantes, une faible attention est paradoxalement portée aux initiatives qui placent au coeur de leurs modèles les idéaux originels de l’économie de plateformes. De telles initiatives foisonnent pourtant, dont certaines se revendiquent du coopérativisme de plateformes, un mouvement mondial promouvant la (ré)appropriation des plateformes par leurs utilisateurs et leurs parties-prenantes. Le coopérativisme de plateformes n’est pas qu’un idéal : il tire une grande partie de sa légitimité du développement de plateformes coopératives dans divers secteurs d’activité (livraison à vélo, covoiturage, circuits courts alimentaires…) et différents pays, dont la France. Parce qu’il se réclame explicitement de l’autogestion et, pour beaucoup de projets, de l’intérêt général, le coopérativisme de plateformes entretient des liens étroits avec les acteurs de l’économie sociale et solidaire et les pouvoirs publics. Dans le même temps, il se construit en opposition parfois frontale avec le modèle capitaliste dominant.
A travers une ethnographie de deux ans au sein du mouvement du coopérativisme de plateformes, enrichie d’entretiens et d’études de cas de plateformes coopératives, la principale ambition de ces travaux est d’actualiser la question du rapport entre le capitalisme et ses marges dans le contexte de l’économie de plateformes. Il s’agit parallèlement de décrire la nature de ce mouvement atypique à l’interaction de l’utopie et de la pratique. Enfin, cette analyse éclaire en creux deux aspects structurants de l’économie de plateformes : les caractéristiques et évolutions du capitalisme de plateformes, ainsi que le positionnement des pouvoirs publics, syndicats et organisations d’économie sociale et solidaire en matière de plateformes numériques.
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Séance organisée par STÉPHANE BLUMER, EHESS-IIAC.
QUATRIÈME SÉANCE
MERCREDI 16 JANVIER 2019
15h à 19h – salle A06_51 – EHESS, 54 Boulevard Raspail, 75006 Paris
Cette séance sera dédiée à la construction socio-économique des États avec les présentations des travaux de Aykiz Dogan, doctorante à Paris 1, Panthéon-Sorbonne, et Félicien Pagnon, doctorant à l’IRISSO, Paris-Dauphine.
Aykiz Dogan se propose de venir nous parler de ses travaux portant sur les échanges entre la Section économique et financière de la Société des Nations et l’Office central de Statistiques de Turquie en 1926-1927, afin de nourrir ses réflexions sur le rôle de l’expertise et des acteurs internationaux dans la formation des États-nations. Félicien Pagnon mènera de son côté une discussion sur la dimension experte de la production des indicateurs alternatifs de richesse, autour desquels on vit s’agencer une activité réflexive au sein du Parlement Européen et de l’OCDE. L’objectif de ces productions fut ainsi de renouveler la conception et la mesure de la richesse et du bien être, à partir notamment des recommandations émises par la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi. Au-delà de la sociologie de l’expertise, nos échanges porteront donc également sur la circulation, la traduction et l’appropriation des chiffres de la gouvernance à l’échelle transnationale.
TROISIÈME SÉANCE
MERCREDI 21 NOVEMBRE 2018
15h à 19h – salle A06_51 – EHESS, 54 Boulevard Raspail, 75006 Paris
François Schoenberger, doctorant à la Faculté des sciences sociales et politiques, (Université de Lausanne) et Guillaume Gentile, doctorant à l’IRISSO (Université Paris-Dauphine) présenteront leurs travaux portant sur l‘institutionnalisation de l’intelligence économique en France.
Ulrike Lepont, post-doctorante au Laboratoire Printemps, rattaché au CNRS (UMR 80-85) de l’Université Versailles Saint-Quentin, sera notre invitée pour cette session et mènera la discussion qui suivra leur intervention.
Séance organisée par Quentin Deforge doctorant IRISSO, Université Paris-Dauphine & Olivier Coulaux doctorant EHESS-IIAC.
DEUXIÈME SÉANCE
MERCREDI 21 NOVEMBRE 2018
15h à 19h – salle A06_51 – EHESS, 54 Boulevard Raspail, 75006 Paris
Le collectif de doctorants interuniversitaire (Un)ruling Others & the Self est heureux de vous convier pour sa deuxième session de l’année.
Celle-ci sera consacrée à une présentation des cours de Michel Foucault au collège de France de 1978 à 1979 (« Naissance de la Biopolitique »).
La présentation sera ensuite l’objet d’une réflexion collective interrogeant les usages et l’opérationnalité de ce pan de l’œuvre de Michel Foucault dans nos enquêtes respectives en sociologie et en anthropologie.
PREMIÈRE SÉANCE
MERCREDI 17 OCTOBRE 2018
15h à 19h – salle A06_51 – EHESS, 54 Boulevard Raspail, 75006 Paris
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MI-AE LEE, sociologue, thèse soutenue à l’Université du Havre.
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Séance organisée par JUNGSUE RHEE, doctorante en Anthropologie Sociale (EHESS-IIAC)
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Devenir domestique migrante en France, en Corée du Sud et en Chine : le cas des travailleuses socialistes cháoxiānzú (朝鮮族).
La thèse de Mi-ae Lee, soutenue en Septembre 2018, prend pour objet d’étude des travailleuses domestiques migrantes sino-coréennes employées dans les métiers du care. Son approche ethnographique est fondée sur une approche dispositionnelle, où l’habitus, compris comme un concept exploratoire, nous aide à décrire et à comprendre la façon dont la socialisation précoce des cháoxiānzú au sein de la Chine maoïste informe les pratiques de ces dernières au travail.
Le cadre méthodologique de Mi-ae Lee se fonde notamment sur la comparaison d’environnements de travail dans trois pays différents : la France, la Corée du Sud et la Chine. Ce prisme nous offre un regard à la fois compréhensif et trajectoriel sur la construction, au coeur des systèmes de travail domestique capitaliste, d’identités socioprofessionnelle inséparables du contexte plus général marqué par les inégalités de genre, de classe et de race/ethnicité.
Durant cette première session, nous chercherons à comprendre comment une approche axée sur la “voix” des travailleuses peut jeter une lumière neuve sur les discussions portant sur la performativité des stratégies politiques néolibérales, ayant dans ce cas conduit à l’émergence d’un marché international des services domestiques.
http://www.cresppa.cnrs.fr/gtm/equipe/les-membres-du-gtm/lee-miae
Contacts et informations complémentaires : https://enseignements-2018.ehess.fr/2018/ue/2764
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(UN)RULING OTHERS AND THE SELF
Le (néo)libéralisme a-t-il fait son temps ? C’est autour de cette question à plusieurs facettes que le séminaire collectif de recherche (Un)ruling others and the self développe ses séances. Celles-ci sont une invitation à un chassé-croisé entre les différentes disciplines des sciences sociales stimulée par leurs méthodologies respectives et communes. Au moyen d’analyses critiques de données empiriques partagées lors du séminaire, l’objectif est de cibler, connecter et comparer la normativité du modèle de gouvernance globale issu des politiques et pratiques néolibérales et la manière dont celle-ci sont né situent à différentes échelles.
Le séminaire de l’an dernier prenait comme objet d’étude l’émergences de collectifs d’alternatives politiques, sociales et économiques et des contradictions que ceux-ci rencontraient dans leurs actions, prises dans les logiques de la reproduction du capitalisme néolibéral. Durant chaque séance, un·e doctorant·e nous présentait les enjeux méthodologiques et théoriques de ses recherches. Ces discussions nous ont fourni un cadre pour poursuivre le travail cette année en approfondissant la logique de notre atelier collectif.
Cette année, à raison d’une demi-journée par mois, nous proposons une présentation croisée de recherches de plusieur-es doctorant-e-s et chercheurs réunis autour d’un thème particulier proposé par un des membres de l’atelier. L’enjeu, durant ces séances de quatre heures, est de réunir doctorant-e-s et chercheurs afin d’engager un dialogue critique. Ce corpus de données laisse ensuite place à une table ronde de débat ouverte à toutes et à tous.
Le séminaire (Un)ruling others and the self est soutenu par l’IRIS – Études Globale de Paris Sciences et Lettres.
RDV, tous les 3e mercredi du mois de 15 h à 19 h (salle A06_51, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 17 octobre 2018 au 15 mai 2019.
Le séminaire (Un)ruling others and the self est soutenu par l’IRIS – Études Globale de Paris Sciences et Lettres et l’Institut Interdisciplinaire d’Anthropologie du Contemporain.
Crédit image : S.Blumer, 2018, Creative Commons 4.0.